Région Shuswap
Nous continuons notre fuite vers le sud, direction la vallée d’Okanagan, au Sud de la Colombie-Britannique. On s’élance sur la Highway 24, également appelée « Fishing Highway ». D’innombrables lacs, certainement poissonneux, bordent la route.
Cela fait une dizaine de jours que nous jouons au chat et à la souris avec la météo. Nous fuyons les tempêtes hivernales et le froid. Cette technique n’est pas vraiment payante puisque l’accalmie est toujours de courte durée. A peine sommes-nous installés sur un site que nous devons déjà plier bagages pour aller plus au sud. Nous n’avons pas vu venir l’hiver, notre bronzage estival de vacanciers, caractérisé par la marque des sandales et des lunettes de soleil s’estompe. D’après mon décompte, il nous manque d’ailleurs une saison, l’automne.
Ce matin-là, de grosses gouttes irrégulières s’abattent sur le toit de Raccoon. Étrange. Nous retirons le rideau du pare-brise… la neige nous a finalement rattrapé dans la nuit et est en train de fondre. Une poudre blanche a tout recouvert. Plus de doute, l’hiver est arrivé.
Geoffrey n’a pas dormi de la nuit, sa douleur au doigt s’est aggravée, il ne peut plus plier l’index. Après trois semaines d’automédication, nous nous résignons à affronter de nouveau le système de santé Canadien.
Cette anecdote mérite le détour.
Après 1h30 de route, Geoffrey débarque dans le service d’urgences de la première clinique trouvée, Barriere Clinic. Il est 13h00, personne dans le hall, tout le monde est en pause-déjeuner. Un infirmière finit par arriver. Pour l’admission, il faudra débourser 750 $… en cash. On part en quête du premier distributeur de billets de la ville quand un médecin nous rattrape. Il ne veut pas nous admettre aux urgences pour une simple infection et nous renvoie vers une seconde clinique, à 60 kilomètres au nord, qui est prête à nous recevoir dans une heure. Le jeu de piste continue. Nous arrivons à cette seconde clinique, mauvaise pioche, ce n’est pas la bonne. Un arrêt par le bureau de poste pour demander notre chemin et nous réussissons tant bien que mal à trouver le troisième centre de soins. Geoffrey finit par avoir sa consultation et le verdict tombe, une infection du doigt qui nécessite la prise d’antibiotiques et un suivi. Il ne nous reste plus qu’une dernière épreuve pour terminer cette mission : la pharmacie. Geoffrey ressort aussi vite du commerce qu’il n’est rentré et ce, les mains vident. Les antibiotiques sont délivrés au compte-goutte. Il faudra revenir dans 1 heure pour récupérer la préparation (qui consiste à mettre le nombre exact de comprimés dans un flacon) ! Mission réussie !
L’infection se dissipera au bout de 7 jours après une dernière téléconsultation de 2 minutes et 37 secondes à 100 $…
Nous traversons, sans s’attarder, Kamloops et ses plateaux désertiques, toujours en quête du soleil.
On jette finalement l’ancre dans la région du lac Shuswap. Le cadre est agréable mais les nombreuses habitations viennent complètement ternir le paysage. L’acclimatation est difficile. Le « Wild » et les grandes étendues sauvages sont désormais bien loin derrière nous. On ressent comme un léger pincement.
Pendant deux jours, nous voguerons de sites en sites sous un soleil radieux avant de se faire, une nouvelle fois, rattraper par la pluie et le froid. 9°C dans le véhicule, mais nous avons désormais une technique bien écologique pour nous chauffer, les pierres déposées dans le feu que l’on rentre au dernier moment dans le véhicule, une fois la nuit tombée. Ce n’est pas le plus sécuritaire mais nous parvenons à gagner pas loin de 8°C. Nous sommes comme deux gamins en extase devant notre découverte. L’invention de l’électricité nous aurait sans doute fait le même effet…
Nous profitons des jours pluvieux pour discuter des différentes options qui s’offrent à nous pour la suite du voyage. Le Covid et ses impacts étant quasiment inexistants dans notre quotidien au Canada, nous avons presque oublié que nous étions en situation de pandémie. Nos plans de voyage pour le Chili et le Pérou tombent à l’eau (en même temps que les moulinets de pêche de Geoffrey d’ailleurs). Le voyage et le tourisme ne semblent pas vraiment opportuns en ce moment. Alors que faire, rester au Canada ? Rentrer en France ? Trouver un pays dont les frontières sont encore ouvertes ?
Le moral n’est pas vraiment là, bien au contraire. Nous avons passé les trois dernières semaines à lutter contre les éléments, le froid, la pluie, la neige et à rouler, rouler et rouler en espérant trouver mieux. Ces derniers jours resteront certainement parmi les plus difficiles de notre voyage, que ce soit physiquement à cause des conditions climatiques, que mentalement en raison de l’absence de visibilité pour la suite du voyage et le manque de confort rudimentaire (un endroit sec, une douche, une lessive, autant de choses simples qui nous manquent). Les journées sont moroses. Nous avons désormais l’impression de survivre plutôt que de vivre cette aventure.
Il est temps de faire le bilan et de se rappeler la devise de notre site et de notre voyage : Kunan Pacha, l’instant présent.
Les jours qui suivront, nous tâcherons de savourer pleinement chaque journée, on remerciera le dieu de la météo après une accalmie ensoleillée et nous trouverons des occupations par temps de pluie. La confection d’une citrouille d’Halloween en sera une, une journée crêpe/puzzle/lecture nous comblera une autre journée. Réjouissons-nous de tous ces beaux moments.
Tandis que la plupart des gens se souviendront de 2020 pour l’absence de liberté, les contraintes liées au Covid, nous nous rappellerons de cette année comme étant celle de la liberté, du voyage, du grand Nord et de sa faune, du Wild, des parties de pêche, des expéditions en canoé, des soirées à contempler les étoiles, des douches au bord du feu, et des matinées interminables à discuter de tout et de rien. 2020 était surement la meilleure année pour voyager et passer au travers de cette crise.
Après plusieurs jours de réflexion et de recherche, nous prenons la décision de partir au Costa-Rica fin décembre. Soleil, plage, biodiversité, faune et paysages luxuriants, ce n’est pas forcément la destination que nous aurions choisie de prime abord, mais en temps de Covid, elle réunit beaucoup de critères dont l’ouverture des frontières aux touristes. On prépare et organise les modalités du voyage, billets d’avion, assurance, vente de Raccoon… Un second souffle à notre voyage et plus de visibilité sur les prochaines semaines, c’est ce dont nous avions besoin. Nous irons donc profiter de la vallée d’Okanagan, découvrir l’île de Vancouver puis nous retraversons le Canada d’Ouest en Est en direction de Montréal pour vendre le van avant de prendre l’avion pour le Costa Rica. Sur le papier, le programme est séduisant mais j’attends les déconvenues et les embuches au tournant.
En attendant, nous remontons la rivière Shuswap jusqu’à Mabel Lake. L’eau est translucide et le fond est tapis de saumons (parfois énorme !) tous plus colorés les uns que les autres. C’est un véritable aquarium ! On s’émerveillera toute la matinée devant ce spectacle.
Nous continuons notre périple plus au sud et passons Enderby, Lumby puis Vernont. Nous sommes le 19 octobre, Geoffrey sort sa canne à mouche et attrape son dernier poisson de la saison (il ne le savait pas encore à ce moment-là).
Nous prendrons également notre dernière douche extérieur au bord du feu à 5°C. Le sol est tapissé d’un fin manteau blanc de neige.
Les préparatifs pour le Costa-Rica ont bien avancé. Le voyage retour à Montréal est planifié, les modalités administratives sont réglées, les billets d’avion sont sur le point d’être réservés et notre van Raccoon est vendu (ou presque).
Nous sommes aux portes de la vallée d’Okanagan, la vallée la plus chaude du Canada !
2 réflexions sur « Région Shuswap »
“Pendant deux jours, nous vaguerons de sites en sites sous un soleil radieux avant de se faire, une nouvelle fois, rattraper par” …. des tournure de phrases un peu bizarre.
Je sens le geof la-dessous: vaquerons voire voguerons eussent été mieux 🙂 🙂
Bises à vous deux et ne lâchez rien car vous avez du retard dans vos récits!!
Ahahah ! l se met à la littérature en ce moment… Il faut l’excuser. 😉