Retour à la case départ…
A notre arrivée à Dawson, le sourire ne se lit plus sur nos visages et nous aurions presque oublié les vingt jours de bonheur que nous venons de passer dans la cabane à Mayo.
Le plateau s’abaisse et Raccoon est déchargé de la dépanneuse tel un tas de ferraille dans une déchetterie. Seuls avec nos sacs à dos sur le parking du garage, nous nous sentons démunis, ne sachant pas encore si nous devons faire nos derniers adieux à notre véhicule ou non. Les garagistes sont débordés et le temps d’attente pour une simple expertise est de deux semaines. Nous sommes submergés par les émotions et les larmes finissent par couler.
Heureusement, Shawn et Lolita sont là pour nous réconforter et nous accueillir.
Nous discutons autour d’un café des différentes options qui s’offrent à nous pour les semaines à venir et de la suite à donner à notre voyage. Notre yourte est désormais occupée et nous sommes dans l’attente du verdict de Raccoon.
Jamais de problème sans solution…
Shawn et Lolita ont réponse à tout. Après la cabane de trappeur, la yourte d’Alaska, nous logerons dans une ancienne caravane de Gypsie, entreposée sur leur terrain.
Un bon coup de ménage et hop notre nouvelle demeure est prête à nous accueillir pour les prochaines semaines.
Un planning bien chargé
Pour nous occuper l’esprit et oublier les déboires de notre véhicule, nous repartons au travail dans la cabane en bois.
Après la pose des fenêtres, des soffites, de l’isolation… il est temps de construire un plancher pour l’étage. Pas une mince affaire pour les apprentis bricoleurs que nous sommes. Heureusement, les tutos Youtube sont bien utiles. Nous construirons également les cloisons de la pièce de stockage.
Le travail au Yukon ce n’est pas ce qu’il manque. Pour en trouver, il suffit de demander à son voisin, en l’occurrence notre dépanneur Doug’ ! Nous avions échangé quelques mots à ce sujet pendant les trois heures de remorquage. Ayant besoin d’argent pour amortir les réparations de Raccoon, il nous a donné rendez-vous chez lui un matin à 8 heures. Dans notre sac, une paire de gants, un pantalon de travail, et des lunettes de protection. Tandis que Geoffrey manie la tronçonneuse dans tous les sens pour débiter des troncs, je suis à la fendeuse et à l’entreposage du bois de chauffage ! Bonne pioche, elle est électrique et je dois dire que c’est assez plaisant ! Geoffrey, quant à lui, se fait dispenser un cours de tronçonneuse. Il ne fait pas le malin ! Doug’, ancien bucheron, est sur son dos et le surveille du coin de l’œil. Il est même obligé d’aiguiser sa lame de tronçonneuse à chaque fois que celle-ci touche le sol en guise de punition.
Les jours suivants, c’est moi qui rigole moins. Je déplace des objets en tout genre à travers le jardin (pneus, tas de ferraille, terre, etc.) alors que Geoffrey, lui, a des étoiles plein les yeux. Il apprend à utiliser une scierie mobile. Son travail consiste à découper des grumes en poutres, chevrons, planches et liteaux. Lui qui souhaitait apprendre à couper du bois, il est ravi ! A ce rythme, il va finir par nous construire une cabane en bois (enfin, il est simplement à l’étape « Lecture des ouvrages sur le bois » pour le moment…).
Comme un air de printemps
En vingt jours, les paysages et la végétation ont complètement changé. La neige, la glace et le froid ont fait place à l’eau, la boue, la boue et la boue. Les oiseaux (et les ours) sont de retour, des crocus sortent en plus grand nombre chaque jour et des parfums de végétation embaument l’air ambiant. Le printemps est bien là ! Les rayons du soleil sont désormais assez chauds pour que nous délaissions la doudoune au profit des tee-shirts !
Nous profitons des beau jours pour aller se promener avec nos deux fidèles compagnons, Emma et Shadow, le long du Klondike dans un premier temps, puis sur les hauteurs de Dawson et enfin au Parc de Tombstone.
« A chacun sa méthode pour se rafraichir ! »
Raccoon is back !
Avec toutes ces occupations, nous avions presque oublié notre malheureux Raccoon, abandonné seul sur le parking d’une casse automobile. Une semaine après notre retour, nous nous rendons chez le garagiste pour en savoir un peu plus sur les délais d’attente. Il nous reçoit d’un ton peu aimable, ne présageant rien de bon pour nous. Finalement, il est trop occupé en ce moment et notre véhicule n’est pas une priorité… Nous décidons donc de remorquer une énième fois notre véhicule à une autre adresse, une connaissance de Shawn et Doug’. Un second remorquage pas comme les autres ! La police fédérale (la vraie police d’après les locaux) est de passage à Dawson pour la semaine et procède à des contrôles et inspections sur chaque véhicule. Autant vous dire que c’est LA semaine où il n’y a aucun véhicule dehors ou presque. « La police prend son petit déjeuner à 6h30 à l’hôtel Sourdough et commence son service à 7h00 », l’information a vite circulé à Dawson et chacun décale ses trajets au lever du soleil. Doug’, notre remorqueur, pas vraiment en règle, en fera de même. Remorquage réalisée de nuit, à 6h00 du matin donc.
L’expertise du second garagiste arrive rapidement un après-midi entre deux découpes de planches. Plus de peur que de mal. Une simple bobine d’allumage à remplacer créant des ratés d’allumage au niveau de l’un des pistons. Raccoon revient donc à la maison, en pleine forme, prêt à avaler des centaines de kilomètres (ou presque).
Le vrai départ
Après ces deux nouvelles semaines passées à Dawson, il est temps de faire nos adieux à Shawn et toute sa famille. Il y a des rencontres que l’on n’oublie jamais, qui nous marquent profondément, celle-ci en fait pleinement partie ! J’espère que nous aurons l’occasion de leur rendre la pareil un jour.
Nous quittons Dawson pour de bon avec un véritable pincement au cœur. Ce fût un véritable coup de cœur. Malgré l’éloignement géographique, les difficultés d’approvisionnement, les conditions climatiques extrêmes, nous n’avons retenu que le meilleur, l’entraide au sein de cette communauté, la vie sociale très riche et la beauté des paysages. Si nous devions revenir au Yukon, Dawson serait certainement une destination de choix.
Il nous reste désormais un mois devant nous avant de reprendre l’avion pour la France… Nous mettons le cap plein Sud !